L’Île d’Enfer / Vítiseyjan chap.2b/annar 2b

  L’Yport a donné son charbon, on a lavé la cale, et maintenant on embarque la morue ; une équipe charge une manne d’osier qu’un crochet happe, le treuil grince, la manne monte, elle a deux ou trois balancements puis se déverse dans le ventre du bateau

où des marins rangent le poisson avec un soin minutieux. Peu à peu, le mur s’élève, un mur large où les morues – enchevêtrées les unes dans les autres – font l’office de matériaux.
  Une couche de poisson, une couche de sel ; à la volée le sel neige, il crisse sous la botte des matelots.
  Les lottes, les flétans, les halibuts, dont certains ont plus de deux mètres, sont mis à part.
  Alors que le Norvégien, l’Anglais, l’Allemand font profit de tout, le matelot de France a l’orgueil de sa pêche, qu’il veut pure et sans tache.
Un poisson de trop courte taille, houp! un geste par-dessus bord.
Et l’avalanche des morues roule avec un bruit sourd dans la cale, la saumure odore fort.
Dans un coin du gaillard d’avant, deux mouettes rognées, piquent du bec la chair nacrée d’une raie.

  La morue, c’est la vie de ces hommes … La mo-ue, prononcent les Yportais et les Fécampois. Et ce mot revient, comme une obsession, dans toutes les phrases ; tout y conduit, tout y ramène…
  La mo-ue, la mo-ue, les rudes heures de Terre-Neuve ou d’Islande, les sales coups de chien, les brumes traîtresses, les doris perdus, une poche de chalut qui rafle deux mille poissons, la rivalité des pêcheurs «  à la ligne  » et des «  chalutiers », les éternelles histoires du banc… « Quand j’étais sur le banc… »
  Aller aux bancs, c’est l’espoir de tous les moussaillons qui sont ici ; ils savent ce qui les attend, la vie rude, la discipline sans pitié, qu’importe!
 – « L’an prochain, j’irai aux bancs! » m’a dit le mousse de l’Yport, un gars de treize ans aux yeux illuminés de fièvre.
  Nos islandais et nos terre-neuvas sont de hardis marins… Dunkerque, Gravelines, Calais, Saint-Brieuc, Binic et Paimpol envoient chaque saison, de février à août, deux cents navires montés par quatre mille pêcheurs, goélettes solides et bien gréées, hommes non moins solides et non moins bien gréés.
  La pêche les passionne. Par millions, la bande est en marche en ordre régulier, les mâles dessous, les femelles dessus.
  La goélette, n’ayant conservé qu’une voile, dérive naturellement sur le travers… Sur le plat-bord opposé à la dérive, sont disposées les mecques de bois, fendues à l’extrémité supérieure pour le passage de la ligne.
  Les cent mètres de filin se déroulent, le plomb touche, on relève deux mètres ou trois, puis on relâche, puis on retire : le poisson vorace a mordu… on hale longuement, d’un geste saccadé, et la morue, comme un éclair d’argent, paraît. Un mouvement, la voilà sous le bras du pêcheur qui arrache l’hameçon, coupe la langue et jette dans le parc le poisson qui se tord. Le piqueur lui ouvre le ventre ; le décolleur enlève le foie, les œufs, coupe la tête ; le trancheur sectionne l’arête…
  Et tout cela sous un climat meurtrier, dans les brumes qui aveuglent, le froid qui cingle et la perpétuelle menace de la nature et des hommes… les icebergs qui dérivent et les steamers de luxe qui foncent…
  Il faut gagner une heure ou deux sur le trajet. Malgré les défenses maritimes, on traverse le banc, on ne voit rien, on n’entend rien. Soudain un craquement, un choc, un cri ; encore un doris qui ne rejoindra pas le bord… Le paquebot passe ; il est passé, force aveugle qui ne s’arrête pas, qui n’a pas le temps de s’arrêter… Time is money!

  Guimy, agent consulaire de France, vend du charbon aux chalutiers, des conserves, de la peinture, des cordages…

  Vous pensez, peut-être, qu’il serait plus sage d’apporter toutes ces choses de chez nous? Possible, mais messieurs les armateurs ne peuvent songer à tout.
  Ils sont quatre ou cinq, de Boulogne ou de Fécamp, qui mènent la ronde autour de l’Islande ; ils pourraient s’entendre, aménager l’appontement de Vest-Dalseyri, dont les planches tiennent par miracle, créer des dépôts de charbon et de vivres…
  Non pas.
  Il est préférable de perdre huit jours à Cardiff ou à Newport pour charbonner… Nous n’avons pas de mines en France, et puis, au taux de la livre…
Des magasins d’approvisionnement central?
Non plus.
  A Bordeaux, chaque capitaine achète ce qui lui plaît chez l’épicier du coin, qui lui fait la ristourne ( 4 %.).
  A Seydisfjord, à Akureyri, à Rejkjavik, de même. Guimy ou ses confrères sont là, et nos braves loups de mer se procurent des sardines portugaises, des chandelles anglaises, de la peinture danoise… au prix fort.
  La couronne islandaise, qui égalait notre franc, vaut aujourd’hui 2 francs 50. A quoi bon se gêner? Les actionnaires sont là pour un coup.
 Songez que la monnaie islandaise n’a aucun cours… ni en France, ni en Angleterre, ni aux Féroé, ni même au Danemark.
  Mais les braves captains touchent la ristourne…
  Donc, Guimy, attaché consulaire de France, a la clientèle de messieurs les commandants de chalutier ; il faut soigner le client, et Guimy, bon commerçant, est plein de prévenances.
  Il a imaginé une excursion à la pointe du fjord… une excursion à poneys. Et nos marins, heureux d’être en bordée, ont une joie d’enfant. Ils enfourchent sans crainte les bêtes robustes.
  Nous voilà partis : Deshayes, capitaine de l’Yport, Friboulet, maître de pêche à bord du Cap-Fagnet,  Pelletier, capitaine du Somme, Maillard, capitaine du Normandie, Guimy et moi ; pardon, j’oubliais le long Einar, qui ferme la marche, monté sur un poney qui a l’air d’un monstre à six pattes.
  Notre cavalcade met en émoi, par ses appels et ses cris, la paisible cité. La traversée de la ville est correcte, mais, dès qu’on aborde les montagnes, les poneys prennent le galop pour le plus grand dommage de messieurs les capitaines, qui roulent et tanguent effroyablement.
  Deshayes, résigné, a lâché la bride et se cramponne éperdument au pommeau de la selle.
  Les gorges grondantes d’eaux qui jaillissent et tombent, les rochers de basalte taillés à pic, l’eau du fjord qui miroite, étranglée dans la passe, l’océan qu’on aperçoit là-bas, opale sertie d’azur, ils ne voient rien dans la course qui les emporte…

  Nous gravissons la pente escarpée du mont ; un coude cache le fjord et la mer océane et, sur la plateau, nous avons la surprise de la neige, une neige pleine de reflets bleus, belle, attirante, immaculée.

  Tandis que les chevaux allaient à l’aventure, cherchant à découvrir de maigres saxifrages, les marins ont joué comme des galopins qui font l’école buissonnière.

  L’ordre est venu par T. S. F. Le Somme est parti hier soir. Le Normandie appareille. Le capitaine Maillard, redressant sa courte paille, est partout, sur la passerelle, sur le gaillard d’avant, aux machines. Sa figure énergique est dure, qu’adoucit la flamme de ses yeux.


  Frigoulet gueule à bord du Cap-Fagnet, assourdissant son équipage de jurons, lève les bras au ciel, attestant Dieu et les saints que tout est pour le pire. Rien ne va, rien ne marche. Ses hommes? des apprentis, des culs-terreux, de propres à rien ; son chalutier? un sabot, une boîte à outils. Et la mo-ue? Ah! la mo-ue… sacrée mo-ue! Qui m’a f… une pèque comme celle-là.
  Friboulet, bon Yportais, dit la pèque comme il dit la mo-ue. Une pèque de cochons.
  – Quoi! rentrer en France! Malheur de malheur! Moi, qui ai touché quarante mille francs de part l’année dernière ; oui, monsieur, quarante mille francs… Aujourd’hui, ah! misère ! quel métier! Aussi, à Fécamp, je leur f… ma démission par le travers de la figure, comme je vous le dis, foi de Friboulet, qui n’a jamais menti…
  «… Qué qu’t’as à te f… de ma gueule, bougre de mousse… Oui, qui n’a jamais menti… On me connaît à Fécamp, à Rejkjavik, à Saint-Pierre, sur les bancs, trente ans que je fais ce travail de galérien… Ah! mais! ah! mais, vivement la France, et oui, qu’on arrive! …
  «… Espèce de cochons, attention au treuil… Et ce mécanicien… Ah! ces mécaniciens, la plaie, monsieur, la plaie… lorsqu’on naviguait à la voile, le beau temps, l’heureux temps! Ça, des marins? des Parisiens, monsieur, des Parisiens!… »
  Et Friboulet, congestionné, crache de mépris et s’essuie les lèvres d’un revers de sa main mafflue, puis il poursuit  :
  – Et le Bosco, où est le Bosco? Il est saoul, pardienne! Pour sûr que le cuistot n’a pas acheté de pain frais! M’en fous, ils boufferont du biscuit jusqu’à la gauche! Et ce voleur de Guimy, qui devait m’apporter ma commission. Il ne viendra pas… la crapule.
  «  Ah! te voilà, Guimy, mon garçon! Je pensais bien que tu ne me laisserais pas partir ainsi… Ah! tu as songé… c’était pas une affaire, on est gens de revue… Moi, j’ai confiance, tout le monde te le dira, à Fécamp, à Yport, à Rejkjavik ; sur les bancs on me connaît… Merci, mon garçon… Attends un instant, un, deux, cinq, huit… C’est exact… tu sais, les bons comptes font les bons amis… Ce sacré Guimy! »
  Et la lourde patte du capitaine s’abat sur le frêle Guimy, qui chancelle, très ému et très ivre…
  – Eh! mousse, descends dans la carrée, monte le cognac et deux verres.

  L’Yport partira demain. Il attend des instructions. Fécamp ou Port -de-Bouc? On ne sait encore où l’on ira.
  Fécamp, c’est le foyer, la femme, les petits, les vieux ; Port-de-Bouc, c’est un mois de plus à rouler dans les venelles…
  Le marin est fataliste. L’ordre arrivera, invisible ; on appareillera pour ici ou pour ailleurs, qu’importe…
  On appareillera…
  Moi, je reste.

  – Le Gall, un coup de main, s’il vous plaît?
  – Vous partez?
  – Faut bien.
  – Houp là, merci.
  Mon sac de toile sur le dos. P’tit Cousin, mon mousse, tient fièrement le pied de l’appareil cinématographique dans sa gaine de cuir. Le Gall m’escorte, portant avec précaution l’appareil lui-même.
  En route!
  – Un instant! Je vous suis, allez devant. Et je me retourne vers l’étroite boîte qui m’a servi de chambre pendant des jours et des jours, la couchette de bois où j’ai dormi sans rêve.
  Encore un coin où j’ai vécu et que je quitte.
  Regret? Pas même. Impression nette que la vie continue, bête, absurde, toujours pareille.
   – Oui, je viens.
  Les camarades sont là qui me guettent… Des mains calleuses sont tendues.
   – Au revoir, les amis!
  On se reverra? Pardieu, je l’espère, en France, ou qui sait là-bas, quelque part dans un port du monde…
  Peut-être aussi jamais ; l’au revoir du marin est toujours un adieu.
  Sait-on jamais avec la mer?
   – Oui, oui, j’arrive.
  Je lance mon sac par-dessus bord et, d’un saut, je franchis le bastingage.
  Je rejoins Le Gall. C’est drôle, mon sac paraît plus lourd, plus lourd de toutes les misères passées, de toutes les détresses qui viennent.

 Kolin hafa verið afgreidd, lestin þvegin, og nú er er verið að hlaða Yport þorski. Flokkur manna fyllir tágakörfu sem fest er á krók, það ískrar í talíunni, karfan lyftist, vaggar tvisvar eða þrisvar, hvolfist síðan í kvið skipsins, þar sem hendur stafla fiskinum af stakri nákvæmni. Smátt og smátt hækkar veggurinn, breiður veggur, þar sem þorskurinn – lagður hver innanum annan – er orðinn að efniviði.
 Eitt lag af fiski, eitt lag af salti, það snjóar salti, það gnístir undir stígvélum sjómannanna.
 Álamæður, lúður, heilagfiskur, sem stundum er allt uppí tveir metrar á lengd, er sett til hliðar.
 Norðmenn, Englendingar og Þjóðverjar nýta allt sér til hagnaðar, en frönsku sjómennirnir eru stoltir af veiði sinni og vilja hafa hana hreina og flekklausa.
 Einn fiskur sem er of stuttur, hopp: honum er óðara fleygt fyrir borð.
 Og þorska skriðan veltur með holu hljóði ofaní lestina, upp stígur magnaður saltþefur.
 Í einu horni frammi á hvalbak eru tveir vængstýfðir mávar að kroppa gljáandi skötu.

 Þorskur, það er líf þessara manna… Mo-ue… heitir hann í munni sjómannanna frá Yport og Fécamp. (1) Þetta orð kemur upp aftur og aftur í öllu þeirra tali. Allt leiðir til þess, allt snýst um það.
 Þorskur, þorskur, erfiðar stundir við Nýfundnaland eða Ísland, ferleg hundaveður, svikular þokur, skipsbátar sem týndust, varpa sem tekur þúsund fiska, samkeppni sjómannanna sem fiska á færi og hinna sem eru á togurunum, sífelldar sögur af “miðunum”. “Þegar ég var á miðunum…”
Það er draumur allra messaguttanna hérna að komast á miðin. Þeir vita hvað bíður þeirra, hart líf, miskunnarlaus agi, en hverju skipti það ?
Næsta ár fer ég á miðin, sagði einn messadrengur frá Yport við mig, þrettán ára snáði, og augun ljómuðu af ákefð.
 Íslandssjómennirnir okkar og þeir sem fara á Nýfundnalandsmiðin eru hraustir sjómenn. Frá Dunkerk, Gravelines, Calais, Saint-Brieuc, Binic og Pompól eru sendir menn á hverri vertíð, sem stendur frá febrúarmánuði fram í ágúst, tvö hundruð skip með fjögur þúsund sjómenn innanborðs, traustar skútur og vel búnar, menn sem eru ekki síður traustir og vel útbúnir.
 Veiðin verður ástríða þeirra. Milljónatorfurnar fara um skipulega, hængarnir fyrir neðan, hrygnurnar fyrir ofan.
 Þar sem skonnortan heldur ekki nema einu segli eftir, rekur hana auðvitað þversum… Á borðstokknum kulborðsmegin eru tréklaufar, tréð klofið í efri endann til að láta færið renna þar um.
 Hundrað metrar af færi renna í sjóinn, sakkan tekur niðri, færið er dregið upp á við, síðan tekið í það, gráðugur fiskurinn hefur bitið á, hann er dreginn upp með rykkjum, og þorskurinn birtist sem silfurleiftur. Eitt hantak, og fiskurinn er á armi sjómannsins sem rífur úr honum öngulinn, sker úr honum gelluna og kastar spriklandi fiskinum í stíuna. Einn maður sprettir upp á honum kviðnum, annar tekur úr honum lifrina, hrognin, afhausar hann, flatningsmaður sker úr honum hrygginn…
 Og allt gerist þetta í banvænu loftslagi, blindandi þokum, nístand kulda og sífelldri ógnun náttúrunnar og mannanna… hafísjaka á reki og glæstra gufuskipa sem plægja sjóinn…
 Mönnum er í mun að stytta ferðina um eina til tvær stundir. Siglt er beint á miðin, þótt það sé bannað, ekkert er að sjá, ekkert heyrist. Skyndilega brestur, högg, óp, enn einn skipsbátur sem ekki kemst aftur um borð…   Póstskipið fer hjá, er komið framhjá, blint afl sem ekki stöðvast, hefur ekki tíma til að nema staðar… Time is money !

 Gummi, ræðismaður Frakklands, selur kol í togarana, niðursuðuvörur, málningu, kaðla…
 Þið haldið ef til vill, að það væri skynsamlegra að flytja þetta allt heimanað ? Kynni að vera, en útgerðarmennirnir geta nú ekki hugsað fyrir öllu.
 Þeir eru fjórir eða fimm, frá Boulogne eða Fécamp, sem hafa skip á ferð í kringum Ísland. Þeir gætu komið sér saman, gætu bætt bryggjuna á Vestdalseyrinni, þar sem mesta mildi er að borðin skuli halda, gætu sett þar upp skemmu fyrir kol og vistir…
 Nei nei.
 Það er betra að eyða viku í Cardiff eða Newport við að taka kol… við eigum engar kolanámur í Frakklandi, og eins og gengið er nú á pundinu…
Miðstöðvar fyrir vistföng ?
 Ekki heldur.
 Hver skipstjóri kaupir í smásöluverslunum í Bordeaux það sem honum þóknast, og fær 4% afslátt.


 Þetta sama gerist á Seyðisfirði, á Akureyri, í Reykjavík, þar sem þeir eru, Gummi og starfsbræður hans, og sjógarparnir okkar kaupa af þeim portúgalskar sardínur, ensk kerti og danska málningu… á háu verði.
 Íslenska krónan, sem jafngilti áður frankanum, er núna á tvo franka og fimmtíu sentímur. En til hvers er að hneykslast ? Hluthafarnir vilja fá sitt.
Hugsið ykkur það, að íslenska myntin hefur ekkert gengi… hvorki í   Frakklandi né á Englandi né í Færeyjum, jafnvel ekki í Danmörku…
 En skipstjórarnir góðu fá sinn afslátt…
 Nú jæja, Gummi, ræðismaður Frakklands, á sér viðskiptavini þar sem togaraskiptstjórarnir eru. Það verður að sinna vel viðskiptavinum sínum, og Gummi er ekkert nema elskulegheitin.
 Hann hefur látið sér detta í hug ferðalag út með firðinum… útreiðatúr. Og sjómennirnir okkar eru glaðir einsog börn, að fá dálítið frí í landi. Þeir fara óhræddir á bak kraftalegum hestum.
 Við höldum af stað, Deshayes, skipstjóri á Yport, Friboulet, skipstjóri á Cap-Fagnet, Pelletier, skipstjóri á Somme, Maillard, skipstjóri á Normandie, Gummi og ég. Afsakið, ég gleymdi Einari langa sem stjórnar ferðinni ríðandi á hesti sem líkist sexfættu skrímsli.
 Ferðahópurinn setur þessa friðsælu borg í uppnám með hrópum sínum og köllum. Ferðin gegnum bæinn er sómasamleg, en undireins og komið er í nánd við fjöllin taka hestarnir á sprett til mikilla óþæginda fyrir herramennina skipstjórana sem velta hörmulega til hliðanna og fram og aftur.
 Deshayes hefur sleppt taumnum og heldur sér dauðahaldi í hnakknefi Dunandi gilin, þar sem lækirnir hoppa og skoppa ofan eftir, þverhníptir blágrýtishamrarnir, fjörðurinn spegilskyggndur í kvínni milli fjallanna, hafið lengra í burtu, ópalgrænt og blátt, ekkert af þessu sjá þeir á sinni þeysireið…
 Við förum upp eftir brattri fjallshlíðinni, fjörðurinn og hafið hverfa á bak við höfða, og uppi á hálendinu komum við óvænt að fönn, að fönn sem er full af blárri speglun, fögur, lokkandi og hrein.

 Meðan hestarnir reikuðu um í leit að rýrum grasjurtum, brugðu sjómennirnir á leik einsog stráklingar sem hafa skrópað í skóla.

 Tilkynning hefur borist með loftskeyti. Togarinn Somme lét úr höfn í gærkvöldi. Normandie býst til brottfarar. Maillard skipstjóri reisir sig, þó lágvaxinn sé, hann er allsstaðar, í brúnni, frammi á hvalbak, í vélarúminu.

 Einbeittur svipurinn er hörkulegur, en glampinn í augunum mildar hann.
Friboulet öskrar um borð í Cap-Fagnet, hellir formælingum yfir áhöfn sína, fórnar höndum til himins, tekur guð og góðu englana til vitnis um, að allt fari í handaskolum. Ekkert er einsog vera skyldi, ekkert gengur. Menn hans? viðvaningar, landkrabbar, einskis nýtir. Togarinn hans ? manndrápsbolli, hlandkoppur. Og þorskurinn ? Uh! þorskurinn… bölvaður þorskurinn… Hver hefur gert mér fjandalegri grikk en hann?
Friboulet er ósvikinn Yportbúi og ber orðin fram í samræmi við það.
 – Hvað þá ! Snúa heim til Frakklands. Fari það sjóðbullandi ! Ég sem aflaði fyrir fjörutíu þúsund franka á síðast liðnu ári… já, herra minn, fjörutíu þúsund franka… Núna, uss ! Dauði og djöfull. Hvílík atvinna ! Þeir skulu líka, fjandinn fjarri mér, fá afsögn mína í hausinn í Fécamp, svo sannarlega sem ég heiti Fiboulet…sem aldrei hefur logið…
 …Hvern fjandann ertu að glenna þig framan í mig, messaskjáta… já, sem aldrei hefur logið… Þeir þekkja mig í Fécamp, í Reykjavík, á Saint-Pierre (3), á miðunum… Ég er búinn að vera þrjátíu ár í þessari þrælavinnu… Nema hvað, nema hvað, upp með Frakkland, já svona gengur það!…
…Skítablesar, gætið að talíunni… Þessi vélamaður… Húh! Þessir vélamenn, hvílík plága, herra minn, hvílík plága… Úff! Þegar maður var á seglskipunum, það voru góðir tímar, dýrðartímar. Sjómenn þetta? Kontóristar, herra minn, kontóristar frá París…
 Og Friboulet hrækir af fyrirlitningu, rauðþrútinn í framan, og þerra varir sínar með þykku handarbakinu, heldur síðan áfram:
 – Og Bosco, hvar er Bosco? Hann er fullur, fjandakornið! Það er auðvitað, að brasarinn hefur ekki keypt nýtt brauð! Mér er þá fjandans sama, þeir skulu þá bara belgja sig út á kexi! Og þessi þjófur, hann Gummi, sem átti að færa mér umboðslaunin mín! Hann kemur ekki… sá drullusokkur!
 Nei! ertu kominn þarna, Gummi, blessaður drengurinn! Ég vissi alltaf, að þú mundir ekki láta mig fara svona… jáhá! þú hefur hugsað… Þetta var svo sem ekki stórmál, við eigum nú eftir að sjást aftur… Ég treysti mönnum, það geta allir sagt þér í Fécamp, í Yport, í Reykjavík, og ég er þekktur á miðunum… Þakka þér fyrir, drengur minn… Bíðum nú við, einn, tveir, fimm, átta… Það stemmir… Einsog þú veist er gott að hafa allt á hreinu milli vina… Þessi skálkur, hann Gummi !
 Og þungur hrammur skipstjórans fellur á Gumma sem riðar við veiklulegur, hrærður mjög og fullur mjög…
 – Heyrðu gutti, farðu niður og sæktu koníak og tvö glös.

 Yport leggur úr höfn á morgun. Þeir bíða eftir fyrirmælum. Fécamp eða Port-de-Bouc ?(4) Þeir vita ekki enn hvert þeir eiga að fara.
 Fécamp, það er heimilið, konan, börnin, eldra fólkið. Port-de-Bouc, þá yrðu þeir einum mánuði lengur á flækingi…
 Sjómaðurinn er forlagatrúar. Skipunin berst ósýnileg. Menn búa sig til ferðar hingað eða þangað, hverju skiptir það!
 Menn búa sig til ferðar…
 Ég verð eftir.

 – Le Gall, viltu vera svo góður að rétta mér hjálparhönd?
 – Eruð þér að fara?
 – Ég má til.
 – Hana nú, þökk fyrir.
 Pokinn er á baki mér. Litli frændi, messadrengurinn minn, heldur stoltur á á kvikmyndavélarfætinum sem settur hefur verið í leðurhylki. Gall kemur með og heldur sjálfur varlega á kvikmyndavélinni.
 Af stað nú!
 – Andartak! Ég kem á eftir ykkur, farið þið á undan.
 Og ég sný aftur í þröngu kompuna sem hefur verið herbergi mitt dögum saman, að trékojunni þar sem ég hef sofið draumlaust!
Ein króin enn sem ég hef lifað í og segi nú skilið við.
Söknuður? Það get ég ekki sagt. Einungis tilfinning þess að lífið heldur áfram, heimskulegt, fjarðstæðukennt, alltaf eins.
 – Já, ég kem.
 Félagar mínir eru þarna að skima eftir mér… þeir rétta mér sigggrónar hendur…
 – Veriði sælir, vinir mínir!
 Sjáumst við aftur? Það vona ég, fjandakornið, í Frakklandi eða hver veit hvar, einhversstaðar í einhverri höfn heimsins…
 Og ef til vill aldrei, kveðja sjómannsins er alltaf lokakveðja.
 Hver getur vitað, þegar sjórinn er annars vegar?
 – Já, já, ég kem…
 Ég fleygi pokanum mínum upp á bryggjuna og stekk yfir lunninguna. Ég fer til móts við Gall. Einknnilegt, það er eins og pokinn minn sé þyngri en áður, hafi þyngst af þeim erfiðleikum sem koma skulu.

1. Yport og Fécamp eru fiskimannabæir skammt frá Le Havre við Ermasund. Pompól (Paimpol) er á Bretagne-skaga.
2. Þorskur er morue á frönsku. Sjómenn frá tilteknum svæðum hafa sleppt errinu. Fleira er sérstakt í málfari þeirra.
3. Saint-Pierre. – Hafnarborg og helsta borg á eynni Guernesey.
4. Port-de-Bouc er hafnarbær á Miðjarðarhafsströnd Frakklands.

 

 

 

 

Lire la suite – chap 2c / Framhald textans annar 2c…


Extrait du roman inachevé « La Grand’Route du Pôle ». Rouquette raconte son voyage au Groenland à bord d’un baleinier norvégien Le Thorgil. Sa rencontre en pleine mer avec le capitaine Maillard, renvoie à son roman L’Île d’Enfer.

« [ ]Le ciel est nettoyé.
  – A tribord, un chalutier !
  Le capitaine donne l’ordre de l’approcher.
  Bientôt le navire grandit, on distingue nettement sa cheminée trapue, ses mâts. Sur le pont des points rouges se déplacent. des morutiers ! Des camarades d’hier ; heures sombres de Terre-Neuve, heures dures, heures douces à mon cœur frémissant.
  – Un morutier français, fait le mousse tout près de moi.
  – Tu dis ?
  – Bien sur, français. Voyez sa flamme tricolore et puis, attendez son nom…
Les yeux aigus du gosse cherchent à déchiffrer les initiales ternies par les embruns.
  – Le Bor… le Nor…
  J’achève :
  – Le Normandie.
  – Oui, ou quelque chose comme cela.
  Le Normandie, capitaine Auguste Maillard, port d’attache : Fécamp. A l’appel des souvenirs l’évocation se dresse.
  L’Islande ! Sejdjsfjord – le fjord de la petite morue ! Mon pauvre Yport, qui depuis a sombré sur les Bancs ! Les bons camarades : Adam, le chef mécanicien, Jacques Morgan, le second, et Deshayes, un bougre celui-là ! Et Le Gal, Breton du pays de Léon, et mon mousse, P’tit Cousin, et tous, et tous avec qui j’ai vécu d’une vie saine et rude.
  – Il nous a vus !
  En effet, le chalutier s’approche.
  Les couleurs !
Au haut du mat, deux fois monte le pavillon norvégien.
  Sacré capitaine Maillard ! Toujours chic !
  Debout sur la passerelle Edge Helgasson ordonne :
  – Répondez.
  Et la flamme aux couleurs, le pavillon de France monte lentement. Deux fois on le hisse, deux fois l’étamine flotte, caressée par le vent.
  Minute prenante, émotion qui m’étreint. Je sens deux larmes aux coins des yeux.
  Les politesses échangées, les signaux, maintenant, se succèdent.
  Le Thorgil demande :
  – Où allez-vous ?
  Le Normandie répond :
  – Aux Îles Westmann.
  – Voulez-vous prendre mon courrier ?
  – Avec plaisir.
  – J’envoie un canot.
  – Non, je viens à bord.
  En effet, un doris se détache du chalutier ; un homme saute, une silhouette bien connue, alerte, vive et courte. Sacré capitaine Maillard !
  Edge Helgasson le reçoit la main tendue. Étreinte puissante de deux hommes, où passe toute la solidarité, tout le dévouement de ceux qui vivent sur la mer.
  D’un coup d’œil Maillard a jugé l’homme et le navire.
  L’impression est bonne, un sourire lève sa moustache brune. Soudain il m’aperçoit.
  Deux cris :
  – Freddy !
  – Maillard !
  Ah ! La rude embrassade, l’emprise noueuse et consolante, spontanée et grave.
  – Ici ? interroge-t-il.
  – Mais oui.
  – longue campagne ?
  Je fais un geste vague, puis :
  – Et vous ?
  – Nous touchons aux Westmann et puis la France vivement.
  La France !
  Du cran, Freddy ! Il y a des hommes qui t’observent, sois sportif !Crâne, vieux, crâne… Ça ne passe pas… mais si, ça passe.
  J’avale une large goulée d’air. Et très maître de moi, je demande :
  – Bonne pêche ?
  – Bonne si l’on veut. Nous venons du Cap Nord. Sale temps ! De la brouillasse, du froid et ce Fylla de malheur!
  Le Fylla, le destroyer de la marine danoise qui croise autour de l’Islande pour empêcher la pêche dans les eaux territoriales : le Fylla, cauchemar de nos goélettes et de nos chalutiers !
  – Friboulet s’est fait pincer. Il est à Reykjavik où il jure que le diable lui-même ne connait pas les limites avec ces tremblements de terre et ces raz de marées perpétuels !
  Je songe que voilà de l’ouvrage encore pour mon ami André Courmont qui a pour mission de représenter la France dans l’île d’Enfer. André Courmont, âme pure de lettré, vous souvenez-vous de notre randonnée au coeur des glaciers jusqu’alors incessibles, et de nos causeries sous la tente cependant qu’une pluie de cendre, fine, impalpable, tombait ?
  Mais Edge Helgasson revient, son courrier à la main. Et la trame des souvenirs se déchire et s’efface.
  – Et vous, Freddy, vous n’avez rien ?
  – Quoi ?
  – Pas de lettres ?
  – Moi ?
  A l’instant toute ma solitude, tout mon es seulement m’apparait. Qui se souvient de l’errant que je suis ?
Dans les centaines de lettres qui attendent les marins à Sejdjsfjord, à Akierery (1), je sais qu’il n’en est pas pour moi !
  C’est mieux ainsi peut être ! Dans la désolation de la terre alaskienne, autrefois, j’ai guetté l’arrivée du mail stage, le bruit des grelots de l’équipe que menait Gregory Land le postier, mais depuis…
  – Non, rien, Capitaine Maillard

 La chaloupe s’éloigne.
  Debout, Maillard nous fait un signe avec la main.
  Maintenant, on hisse le canot, là-bas. deux fois, à bord du Normandie, monte la flamme norvégienne. Deux fois, à la pomme du mât, se dressent les couleurs de France.
  Un appel de sirène auquel un autre appel répond.
  Le Normandie crache une fumée noire. Le vent gonfle nos voiles.
  Nous sommes un point pour le chalutier, le chalutier est un point pour nous.
  Bientôt à l’horizon, il n’y a que le ciel et la mer. [ ] »

La Grand’route du Pôle a été édité à la suite d’un autre texte « La Bête Bleue » dans lequel il raconte diverses aventures dans différentes parties du monde. Cette édition de 1927 chez Ferenczi et fils, son éditeur attitré, est posthume, un an après le décès de l’auteur.
1 – Rouquette écrit les noms de ces deux villes, Seyðisfjörður et Akureyri, avec un vague souvenir de leur orthographe. 4 ans sont passés depuis sa visite.

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